Médias numériques

La vidéo en ligne

Le marché des services de webdiffusion par abonnement est en pleine expansion. De grandes entreprises américaines viennent se frotter à Netflix et Amazon. Certaines d’entre elles rapatrient sous leur enseigne les nombreuses productions sur lesquelles elles touchaient des droits pour leur diffusion par d’autres acteurs, tant en ligne qu’en mode traditionnel. Disney, Warner Media (HBOMax) et NBCUniversal croient ainsi faire plus d’argent. Pour sa part, Apple se lance dans les productions originales pour alimenter sa plateforme. L’entreprise estime que le grand nombre de personnes utilisant ses appareils lui confère un avantage concurrentiel. Pour survivre, ces webdiffuseurs aux ambitions internationales devront gagner le cœur de millions d’abonnés. Il n’est pas certain que tous y parviennent. D’autant qu’ils font face, hors des frontières étatsuniennes, à des compétiteurs nationaux qui s’appuient sur des produits locaux. Ici, il s’agit de Club illico (Québecor), Tou.tv Extra (Radio-Canada) et Crave TV (Bell), qui accroissent d’ailleurs leur offre.

Sans compter les deux autres types de services : ceux pour lesquels le client paie uniquement pour le contenu visionné tels iTunes, Google Play et Microsoft Movies & TV et ceux financés par la publicité comme YouTube et Facebook.

Selon le cabinet Omdia, dont les données sont rapportées par le CRTC, les revenus de l’ensemble des services de vidéo sur demande (VSD) par Internet auraient atteint environ 3,9 milliards de dollars au Canada en 2020. Il s’agit d’une baisse de 14 % comparativement à l’année précédente, mais d’une augmentation de 82 % par rapport à 2016. C’est loin d’être négligeable quand on pense que ceux de tous les diffuseurs privés s’élèvent à 5,2 milliards et qu’ils ont reculé de 10 % en 2020. Les services par abonnement recueillent plus de la moitié (51 %) des revenus de tous les VSD. À lui seul, Netflix en amasse 31 % (1,2 milliard $, soit 337 millions de moins qu’en 2019). La seconde place appartient à YouTube qui en accapare 23 % (908 millions, en légère hausse). Viennent ensuite iTunes avec 5 % (175 millions, en baisse de 51 %) et Facebook avec 4 % (155 millions, en faible progression).

1. Évolution des revenus des services de vidéo en ligne au Canada de 2012 à 2020

*Il est possible que les données de 2012 et 2013 surestiment les revenus des VSD par Internet.
Source : Données 2012 et 2013 d’Ovum puis d’Omdia rapportées par le CRTC dans diverses éditions du Rapport de surveillance des communications et dans les Rapports sur le marché des communications – Données ouvertes.

Le budget dont les gens disposent étant limité, bon nombre de foyers choisissent maintenant de ne plus souscrire à un service de distribution de radiodiffusion. Les Vidéotron, Bell, Cogeco et autres entreprises du genre au Canada ont perdu quelque 1,3 million de clients depuis le sommet de 11,5 millions d’abonnés atteint en 2012 (dont 338 000 en 2020). Quelque 66 % des Canadiens bénéficiaient d’un tel abonnement en 2020. Cette même année, la proportion était de 72 % au Québec avant de retraiter à 66 % en 2021, d’après l’enquête de l’ATN1. D’ailleurs, la proportion d’abonnés à un service payant de visionnement en ligne de type Netflix dépasse maintenant cette marque par 5 points de pourcentage (71 %).

Les services de télévision spécialisée ressentent une baisse de 5 % dans ce qu’ils collectent de leurs abonnés en 2020 par rapport au sommet atteint en 20162. La situation est pire pour ceux qui, ayant renoncé à la publicité, comptent presque exclusivement sur les dollars des utilisateurs, tels Crave, Illico sur demande et Indigo. De 2012 à 2020, les sommes que ces services ont reçues de leurs clients ont diminué de 38 % ou de 146 millions de dollars.

2. Évolution des revenus des services traditionnels financés presque exclusivement par les utilisateurs* au Canada

*Les services dits facultatifs qui tirent leurs revenus tant des utilisateurs que de la publicité sont exclus. Environ 2 % des sommes indiquées dans ce graphique ne proviennent pas des utilisateurs (ni de la publicité).
Source : CRTC, Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes et diverses éditions du Rapport de surveillance des communications.

Le visionnement de vidéos par Internet est maintenant une pratique largement répandue. Plus de huit Canadiens sur dix, qu’ils soient francophones ou anglophones, en consomment au moins une fois par mois. Sur une base hebdomadaire, l’écoute de la télévision de manière classique a régressé de 3,2 heures depuis 2013, alors que celle par Internet a gagné presque 2 heures. Les Canadiens de 18 ans et plus regardent la télévision en mode traditionnel pendant 26,1 heures par semaine, comparativement à 3,85 heures sur le Net3. Vingt pour cent des Canadiens n’en consomment qu’en ligne : 22 % chez les anglophones et 14 % chez les francophones. Sans surprise, cette façon de faire est considérablement plus répandue parmi les 18-34 ans où elle est adoptée par 32 % des Canadiens. À l’inverse, elle n’intéresse que 5 % des 50-64 ans.

L’écoute d’une production vidéo en ligne rejoint plus de 85 % de chacun des deux groupes linguistiques. Le visionnement de films et l’écoute de nouvelles sont des pratiques moins courantes : chez les francophones, ils ne concernent que 54 % de la population dans le premier cas, et 46 % dans le second. Dans les deux situations, les écarts entre les communautés sont assez importants. Il en va de même au regard de la fréquentation de Netflix. La barrière de la langue de même que l’attachement des francophones aux histoires et vedettes d’ici protègent partiellement nos diffuseurs.

3. Pourcentage des Canadiens qui ont visionné des vidéos en ligne au cours du dernier mois, par langue, en 2020

Source : CRTC, Rapport sur le marché des communications — Données ouvertes (décembre 2021).

En 2021, 71 % des adultes québécois sont abonnés à un service payant de vidéo en ligne. Il s’agit d’un gain de 3 points de pourcentage par rapport à 2020 et de 35 depuis 2016. La proportion est de l’ordre de 85 % chez les 18-34 ans.

4. Évolution de la proportion d’adultes québécois abonnés à un service payant de vidéo en ligne

Source : ATN, Portrait numérique des foyers québécois, NETendances 2021.

Netflix domine ce marché, suivi par Amazon Prime Video, Disney + et le Club illico. Le premier rejoint un peu plus de la moitié des foyers, le second un peu plus du quart, pendant que les deux autres se situent entre 16 et 18 %. Amazon a gagné 10 points de pourcentage par rapport à 2020, Netflix en a ajouté 5 et Disney +, 4. Le Club illico et Extra Tou.tv ont maintenu leur position.

5. Proportion des internautes québécois abonnés à des services payants de vidéo en ligne en 2021

Source : ATN, Portrait numérique des foyers québécois, NETendances 2021.

Les trois services américains que sont Netflix, Amazon Prime Video et Disney + dépassent encore plus largement leurs vis-à-vis canadiens chez les 25-34 ans. Le premier pénètre chez 74 % de ces jeunes internautes, Amazon chez 40 % et Disney + chez quelque 30 %. Les trois principaux services canadiens pointent entre 10 et 17 %.

6. Proportion des internautes québécois abonnés à des services payants de vidéo en ligne chez les 25-34 ans en 2021

Source : ATN, Portrait numérique des foyers québécois, NETendances 2021.

Mentionnons en terminant que Netflix est bien plus populaire ailleurs au pays. Ainsi, selon les données de l’Observateur des technologies médias rapportées par le CRTC, 67 % de l’ensemble des Canadiens y sont abonnés comparativement à 55 % pour le Québec4.

L’audio en ligne

Les émissions de radio AM/FM diffusées à l’aide des récepteurs traditionnels perdent des auditeurs au profit de services sur Internet. On peut dorénavant écouter un grand nombre de stations ou d’émissions radio en ligne, soit de manière continue, soit en sélectionnant des produits offerts en fichier balado. Ces contenus ne sont pas nécessairement des productions nationales. Les Canadiens de 18 ans et plus consacrent hebdomadairement 9,8 heures à l’écoute en continu par Internet en 20 215. C’est 4,6 heures de plus qu’en 2016 et 1,8 heure de plus qu’en 2019. L’écoute en mode traditionnel a diminué de 2,1 heures depuis 2019.

7. Évolution de l’écoute de la radio en mode hertzien et de celle de l’écoute des services audio en continu de 2013 à 2021, Canadiens de 18 ans et +

* La radio AM/FM diffusée aux récepteurs traditionnels. Les données des services audio en continu englobent tous les services de diffusion audio en continu, y compris la diffusion Internet des radios AM/FM.
Source : Données de Numeris (sondages d’automne par cahiers d’écoute de 2013 à 2019, sondages de printemps pour 2020 et 2021) et de l’Observateur des technologies média, citées par le CRTC dans ses Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes et diverses éditions du Rapport de surveillance des communications.

À l’échelle du Canada et sur une base mensuelle, un francophone sur quatre écoute la radio traditionnelle en ligne. La proportion est similaire chez les anglophones. Cette façon de faire semble avoir atteint un plateau.

8. Évolution de la proportion de Canadiens de 18 ans et + ayant écouté en continu la radio traditionnelle en ligne*, de 2010 à 2020

* Au cours du dernier mois.
Source : Données de l’Observateur des technologies médias, rapportées dans diverses éditions du Rapport de surveillance des communications du CRTC et dans les Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes.

La consommation de balados, parmi lesquels on trouve bon nombre de productions qui ne sont pas diffusées en mode classique en direct, a fait un bond depuis 2019. On remarque que cet usage demeure plus répandu au sein de la communauté anglophone. L’écart atteint 14 points de pourcentage en 2020.

9. Évolution de la proportion de Canadiens de 18 ans et + ayant écouté de la baladodiffusion audio*, de 2010 à 2020

* Au cours du dernier mois.
Source : Données de l’Observateur des technologies médias, rapportées dans diverses éditions du Rapport de surveillance des communications du CRTC et dans les Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes.

Les services musicaux personnalisés comme Spotify, Amazon Music, Apple Music et Google Play Music accaparent aussi une partie du temps qui était auparavant consacré aux radios diffusées de manière classique. Ces services ont été adoptés par 45 % des Canadiens  ; la communauté anglophone y compte un plus grand nombre d’adeptes. Le recours à de tels services semble encore en progression.

10. Évolution de la proportion de Canadiens de 18 ans et + ayant écouté des services sonores personnalisés*, de 2011 à 2020

* Au cours du dernier mois.
Source : Données de l’Observateur des technologies médias, rapportées dans diverses éditions du Rapport de surveillance des communications du CRTC et dans les Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes.

Bien que dans une moindre mesure, la radio par satellite fait pareillement concurrence aux services conventionnels. Quatre francophones sur cent l’écoutent sur une base mensuelle. C’est le double chez les anglophones. Ces proportions sont plutôt stables.

11. Évolution de la proportion de Canadiens de 18 ans et + abonnés à la radio par satellite, de 2017 à 2020

* Au cours du dernier mois.
Source : Données de l’Observateur des technologies médias, rapportées par le CRTC dans les Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes (décembre 2021).

Quant aux revenus des services sonores diffusés en ligne, ils ont plus que doublé depuis 2014, pour s’élever à 521 millions de dollars en 2020. L’augmentation atteint 8 % par rapport à 2019. Les services en continu comme Spotify accaparent 93 % de ces sommes.

12. Évolution des revenus des services sonores en ligne au Canada, de 2014 à 2020

Source : Données d’Omdia rapportées dans diverses éditions du Rapport de surveillance des communications du CRTC et dans les Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes.

Mise à jour : mars 2022

Notes

[1]. ATN, Portrait numérique des foyers québécois, NETendances 2021. Cette enquête a été réalisée auprès de répondants de 18 ans et plus.

[2]. Il s’agit pour la majeure partie des redevances incluses dans les frais d’abonnement à un service de distribution. La diminution s’élève à 127 millions de dollars.  

[3]. Celle-ci y est définie comme « émission entière ou des extraits d’émissions de télévision regardés au moyen d’un ordinateur, d’un téléphone intelligent, d’une tablette ou d’un téléviseur connecté à Internet ». Données provenant de Numeris et de l’Observateur des technologies médias, citées par le CRTC dans les Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes.

[4]. CRTC, Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes. Ces données concernent l’année 2020.

[5]. Cela inclut l’écoute en continu de stations de radio AM/FM.