Radio

L’industrie de la radio traditionnelle se compose de stations commerciales, du service public de Radio-Canada, et de stations ayant un statut communautaire, autochtone, religieux ou de campus.

Radio commerciale

La publicité constitue presque l’unique source de revenus (97 %) des radios commerciales québécoises1. Elle a rapporté 233 millions dollars sur des entrées de fonds de 244 millions aux 1052 Ce résultat accuse une baisse marquée par rapport à l’année précédente. Il faut y voir un effet de la fermeture plus ou moins longue de nombreux commerces de détail, eux qui représentent une large part des recettes de ces radios. C’est également moins qu’en 2014 alors qu’elle atteignait un sommet de 304 millions. Or, pour la période allant de 2014 à 2020, l’Indice des prix à la consommation (IPC) s’est accru de 7,6 % et le produit intérieur brut (PIB) de 5,4 %3. Depuis 2003, le PIB a augmenté de 24,4 % et l’IPC de 29,6 %4, pendant que les annonceurs dépensaient 24 % de moins dans ces publications.

1. Revenus de la radio commerciale au Québec de 1997 à 2021

Sources : Statistique Canada, Industrie de la radiodiffusion, Tableau 22-10-0005-01.

La radio occupe le troisième rang dans la faveur des annonceurs après les plateformes numériques non médiatiques et la télévision. Elle obtient 7,8 % des budgets publicitaires, comparativement à 3,8 % pour les quotidiens qui se classent tout juste derrière au quatrième échelon. Elle devance les hebdomadaires et les magazines par une bonne longueur. Environ 60 % de ses revenus proviennent de marchands locaux.

Au cours de l’année 2020, les stations commerciales du Québec ont dépensé 90 millions de dollars pour la production de leurs émissions. La somme a diminué de 11 % au cours des 5 dernières années.

Malgré une réduction importante de leurs recettes, ces stations affichent un profit de 18 % en 2021, une remontée aux chiffres de 2015 après une baisse de 6 points entre 2019 et 2020. Les quatre années précédant la pandémie se signalaient par les marges bénéficiaires les plus élevées depuis que nous compilons ces données, soit depuis plus d’une vingtaine d’années. Pour la cinquième année consécutive, le résultat québécois dépasse celui de l’ensemble canadien. Depuis 2009, l’écart s’amenuisait. Habituellement, ce taux est supérieur à Montréal. L’année 2020 fait exception. Il y atteint 12 %, comparativement à 13 % à Québec, 14 % dans le marché francophone d’Ottawa-Gatineau et 19 % en moyenne dans les autres marchés. Les données de 2021 ne sont toutefois pas encore disponibles au moment d’écrire ces lignes.

2. Marges bénéficiaires de la radio commerciale au Québec de 1997 à 2021

Source : Calculs du CEM à partir des données de Statistique Canada, Industrie de la radiodiffusion, Tableau 22-10-0005-01.

Pendant la période 1997-2005, les marges bénéficiaires de la radio ont augmenté, à l’échelle du Canada, de manière très importante : depuis 2003, et ce jusqu’à la pandémie de COVID-19, elles se situent généralement presque au double du pourcentage de l’année 1997. Après avoir atteint 19 % de 2014 à 2017, elles  semblaient déjà suivre une trajectoire baissière avant d’être durement touchées par la pandémie en 2020. À 5 %, elles, accusent une baisse de 12 points de pourcentage en un an. Ces marges ne bougent guère en 2020.

3. Marges bénéficiaires de la radio commerciale au Canada de 1997 à 2021

Source : Calculs du CEM à partir des données de Statistique Canada, Industrie de la radiodiffusion, Tableau 22-10-0005-01.

Radio publique

Les revenus ayant financé les activités des 64 stations (de langue anglaise et de langue française) de Radio-Canada à travers le pays ont atteint 337 millions en 2020. C’est 16 % de plus qu’en 20165. Près de 96 % de cette somme (323 millions) provient des crédits parlementaires fédéraux. Leur variation explique essentiellement celle de l’ensemble des recettes.

La société d’État consacre 108 millions à ses 15 stations au Québec. Il s’agit d’une bonification de 13 % par rapport à 2016 alors qu’il n’y avait que 13 stations. Celles-ci emploient 627 personnes, soit 12 de moins qu’en 2016. 

Stations de radio autochtones, communautaires et de campus

On dénombre 226 stations de radio de ce type au Canada. Leurs revenus sont évalués à 77 millions : 19 millions pour les stations autochtones, 9 pour les stations religieuses, 38 pour les communautaires et 11 pour les stations de campus. La publicité représente 34 % des recettes totales, et les subventions publiques 14 %.

Services sonores diffusés par Internet

Les stations de radio traditionnelles font face à une concurrence de plus en plus vive des services audios par Internet, qui proposent surtout de la musique. Le cabinet Omdia évalue leurs recettes à 483 millions de dollars au Canada en 20196. Elles ont augmenté de 14  % en une année et ont plus que doublé depuis 2014. En 2019, les revenus de ce secteur correspondent à 27 % de ceux, combinés, des stations commerciales et de la SRC/CBC qui ont atteint un peu moins de 1,8 milliard de dollars.

4. Évolution des revenus des services sonores en ligne au Canada, de 2014 à 2020

Source : Données d’Omdia rapportées dans diverses éditions du Rapport de surveillance des communications du CRTC et dans les Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes.

L’industrie de l’audio par Internet évolue selon deux principaux modèles d’affaires : celui qui réclame des frais lors de chaque téléchargement à l’exemple de Bandcamp, et celui des services en continu comme Spotify ou Apple Music qui diffusent des messages publicitaires ou exigent des frais d’abonnement. Ce second groupe reçoit 89 % des revenus de cette industrie. La situation était inversée en 2014 : ceux axés sur le téléchargement amassaient à ce moment 83 % des recettes. Les Canadiens délaissent le téléchargement de contenu audio payant au profit de l’écoute en continu.

Mise à jour : mai 2022

Notes

[1] Radio-Canada ne peut présenter de publicité payée sur ses différentes stations de radio. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a autorisé de tels messages publicitaires sur les deux antennes musicales du service public, soit ICI Musique (de langue française) et Radio 2 (de langue anglaise), d’octobre 2013 à août 2016. Il s’agissait d’une première depuis 1974, qui rapportait environ un million de dollars par année, soit 0,4 % des revenus totaux de toutes les stations de radio du diffuseur.

[2] On en dénombrait 95 en l’an 2000.

[3] Le PIB du Québec a reculé de 5,5 % en 2020 par rapport à l’année précédente en raison du confinement.

[4] Institut de la statistique du Québec, Produit intérieur brut réel, Québec, 1981-2020, https://statistique.quebec.ca/fr/document/comptes-economiques-des-revenus-et-depenses-du-quebec-annuels/tableau/produit-interieur-brut-reel-quebec ; Indice des prix à la consommation : https://statistique.quebec.ca/fr/document/indice-prix-consommation-ipc/tableau/indice-des-prix-a-la-consommation-ipc-indice-ensemble-canada-quebec-rmr-montreal-quebec-moyennes-annuelles 

[5] CRTC, Relevés statistiques et financiers concernant le secteur de la radiodiffusion 2020, Radio

[6] CRTC, Rapports sur le marché des communications — Données ouvertes.